
Alain Bidart né à Urt a le coup de foudre pour les espaces polaires, leur faune et leurs paysages ©V.B.
N'évoquez pas L'albatros de Baudelaire devant Alain Bidart. L'image que laisse le poète de ce vaste oiseau des mers agace l'homme, aujourd'hui guide naturaliste polaire. Et lors de sa conférence « Les alabtros, maîtres des océans », donnée mardi à la Cité de l'océan à Biarritz, sa fougue n'a laissé place à aucun doute : même à terre, le roi de l'azur n'est ni maladroit ni honteux. Ses ailes de géant ne l'empêchent pas de marcher. Mais laissons au poète l'art de ses métaphores...
Quand Alain Bidart passe de la mécanique des fluides aux espaces polaires
Rien ne semblait prédestiner Alain Bidart à porter le flambeau de l'albatros. Né à Urt, l'étudiant qu'il est à Bordeaux emprunte un bien autre chemin que la biologie voire le tourisme. C'est vers la mécanique des fluides et thermique qu'il s'achemine. Et devient chercheur à l'université bordelaise où il obtient un doctorat.
Mais au début du XXIe millénaire sa vie bascule. C'est le coup de foudre assumé pour les lointains espaces polaires. Et en 2001 le scientifique part une première fois en Antarctique dans le cadre de projets éducatifs, où il passe deux mois sur la calotte avec une équipe d’alpinistes. Puis une seconde fois sur un brise-glace pour y observer une éclipse totale de soleil. Une expédition d'un mois pour une minute et demie d'éclipse.
Autant de voyages pendant lesquels l'homme découvre les oiseaux qui habitent les lieux. Et pour revenir vers ces espaces, Alain Bidart devient guide naturaliste et photographe animalier. « Tout le monde devient naturaliste là-bas ! » s'amuse-t-il, co-auteur de Voyage en Antarctique (éditions Le Sablier).
Mais au début du XXIe millénaire sa vie bascule. C'est le coup de foudre assumé pour les lointains espaces polaires. Et en 2001 le scientifique part une première fois en Antarctique dans le cadre de projets éducatifs, où il passe deux mois sur la calotte avec une équipe d’alpinistes. Puis une seconde fois sur un brise-glace pour y observer une éclipse totale de soleil. Une expédition d'un mois pour une minute et demie d'éclipse.
Autant de voyages pendant lesquels l'homme découvre les oiseaux qui habitent les lieux. Et pour revenir vers ces espaces, Alain Bidart devient guide naturaliste et photographe animalier. « Tout le monde devient naturaliste là-bas ! » s'amuse-t-il, co-auteur de Voyage en Antarctique (éditions Le Sablier).
Les albatros, ces rois de l'azur, des ailes d'envergure
L'albatros n'est pas un mais compte 22 espèces. Certaines au plumage blanc et noir comme l'albatros hurleur, d'autres au ramage gris cendré comme l'albatros fuligineux pour qui Alain Bidart avoue sa tendresse. Et quoique pense le conférencier de son poème, Baudelaire avait quand même pointé juste : l'albatros peut avoir des ailes de géant. La plus grande d'entre elles, « le grand albatros, est un oiseau gigantesque, relève Alain Bidart, cordelette tendue à l'appui. Son envergure atteint 3,5 mètres ! » Même le condor n'arrive pas à son record !
Ailes terribles qui emportent l'oiseau au-dessus des flots sans effort. Planeur invétéré, il saisit les vents à bon escient et dépense peu d'énergie lors de ces vols dynamiques. « Un pour cent de son poids » souligne le guide.
A chaque saison des amours, l'oiseau des espaces sub-tropicales retrouve sa compagne ou son compagnon à leur nid familial. Fidèle tant que le couple mène à bien sa tâche : amener ses descendants à prendre leur envol. A leurs retrouvailles, les mâles et les femelles se lancent dans de superbes parades. Parades longues et codifiées.
Ailes terribles qui emportent l'oiseau au-dessus des flots sans effort. Planeur invétéré, il saisit les vents à bon escient et dépense peu d'énergie lors de ces vols dynamiques. « Un pour cent de son poids » souligne le guide.
A chaque saison des amours, l'oiseau des espaces sub-tropicales retrouve sa compagne ou son compagnon à leur nid familial. Fidèle tant que le couple mène à bien sa tâche : amener ses descendants à prendre leur envol. A leurs retrouvailles, les mâles et les femelles se lancent dans de superbes parades. Parades longues et codifiées.
L'albatros a du nez pour se nourrir
Quand son œuf a éclos, que l'oisillon a grandi, qu'il troque son duvet pour des plumes et prend enfin son envol, son père et sa mère repartent chacun de leur côté. Chacun pour un long voyage. « Leur vie en mer est longtemps resté un mystère » souligne Alain Bidart. Où vont-ils ? Le premier indice arrive droit du XIXe siècle.
Et de raconter l'histoire de cet équipage du Tamaris, un trois-mâts barque français qui s'échoue en 1887 au large des Iles Crozet. Les 13 marins qui trouvent refuge sur l'ile aux Cochons ont l'idée d'accrocher au cou d'albatros qui y nichent un appel au secours. Un appel inscrit sur des plaques d'anciennes boites de conserve ! Un seul de ces messages arrivera à bon port. L'oiseau exténué sur une plage d'Australie occidentale. « L'albatros a parcouru 5600 kilomètres en 45 jours ! » Les secours arriveront trop tard pour les naufragés.
Depuis la science a progressé : balise Argos... De nouveaux instruments mesurent les déplacements des oiseaux et lèvent bien des voiles sur ces espèces. C'est ainsi qu'on a analysé que l'un d'eux avait parcouru 15 200 kilomètres en 33 jours !
On a ainsi appris que les albatros se nourrissaient de calamars morts. Et c'est leur bulbe olfactif très développpé qui leur permet de les dénicher à la surface du grand océan. « Car la mer est pleine d'odeurs » remarque Alain Bdart. Senteur de pyrazine du krill écrasé, parfum de sulfure de méthyle qui dénote la dégradation du phytoplancton.
Et de raconter l'histoire de cet équipage du Tamaris, un trois-mâts barque français qui s'échoue en 1887 au large des Iles Crozet. Les 13 marins qui trouvent refuge sur l'ile aux Cochons ont l'idée d'accrocher au cou d'albatros qui y nichent un appel au secours. Un appel inscrit sur des plaques d'anciennes boites de conserve ! Un seul de ces messages arrivera à bon port. L'oiseau exténué sur une plage d'Australie occidentale. « L'albatros a parcouru 5600 kilomètres en 45 jours ! » Les secours arriveront trop tard pour les naufragés.
Depuis la science a progressé : balise Argos... De nouveaux instruments mesurent les déplacements des oiseaux et lèvent bien des voiles sur ces espèces. C'est ainsi qu'on a analysé que l'un d'eux avait parcouru 15 200 kilomètres en 33 jours !
On a ainsi appris que les albatros se nourrissaient de calamars morts. Et c'est leur bulbe olfactif très développpé qui leur permet de les dénicher à la surface du grand océan. « Car la mer est pleine d'odeurs » remarque Alain Bdart. Senteur de pyrazine du krill écrasé, parfum de sulfure de méthyle qui dénote la dégradation du phytoplancton.
Le plastique empoisonne la vie des albatros
Si les hommes d'équipage de Baudelaire prenaient des albatros pour s'amuser, d'autres s'en emparaient pour se nourrir dans leurs longs voyages sur les eaux. « Aujourd'hui c'est plastique qui tue les albatros, pointe du doigt Alain Bidart vent debout. Notre plastique ! » Et photos à la clef, de montrer sur l'écran géant de la Cité de l'océan les estomacs des oiseaux emplis de multiples bouts de plastique. Des bouts qu'ils prennent pour des proies et qui empoisonnent leur vie.
Il y a le plastique... Et les animaux introduits dans les îles où ils nichent, rats, chats ou chiens prédateurs de leurs œufs et de leurs poussins, la surpêche par qui leurs poissons se font plus rares et la pêche à la palangre. Les pêcheurs utilisent cette technique pour la pêche à la légine : des lignes longues de 12 kilomètres de long au bout desquelles des multitudes d'hameçons sont accrochés. Et au bout de ces hameçons des appâts sur lesquels plongent les albatros...« Les prises accidentelles tuent entre 160 000 et 320 000 oiseaux dont 100 000 albatros. »
« 17 sur les 22 espèces d'albatros sont en danger d'extinction » s'alarme Alain Bidart qui pour cette conférence s'arrête sur une note d'espoir : des mesures ont été prises pour lutter contre ces captures accidentelles lors des pêches à la palangre dans l'océan austral : pose des lignes la nuit, appâts bleus qui se confond avec l'eau et leurre l'oiseau... « La mortalité des albatros a baissé de 99%. »
Il y a le plastique... Et les animaux introduits dans les îles où ils nichent, rats, chats ou chiens prédateurs de leurs œufs et de leurs poussins, la surpêche par qui leurs poissons se font plus rares et la pêche à la palangre. Les pêcheurs utilisent cette technique pour la pêche à la légine : des lignes longues de 12 kilomètres de long au bout desquelles des multitudes d'hameçons sont accrochés. Et au bout de ces hameçons des appâts sur lesquels plongent les albatros...« Les prises accidentelles tuent entre 160 000 et 320 000 oiseaux dont 100 000 albatros. »
« 17 sur les 22 espèces d'albatros sont en danger d'extinction » s'alarme Alain Bidart qui pour cette conférence s'arrête sur une note d'espoir : des mesures ont été prises pour lutter contre ces captures accidentelles lors des pêches à la palangre dans l'océan austral : pose des lignes la nuit, appâts bleus qui se confond avec l'eau et leurre l'oiseau... « La mortalité des albatros a baissé de 99%. »